RÉSEAU ALPIN DE LA FORÊT DE MONTAGNE
Collectivement, valorisons le bois local
ACTUALITÉS
03/2021 | SUERA : LA MULTIFONCTIONNALITÉ COMME PILIER DE LA COOPÉRATION

PUBLIÉ LE : 15/03/2021

2020 – 2021 : la Présidence française de la SUERA pour renforcer la gestion intégrée de la forêt alpine dans les territoires. 
 
Nous en faisions état précédemment, 2020 (et 2021*) sont des années charnières pour renforcer la prise en compte du sujet forestier dans la programmation européenne 2021-2027. Continuons le récit avec une courte rétrospective et une analyse des actualités (stratégie européenne pour la forêt).
 
Reprenons le fil en commençant par la prise d’ampleur du sujet de la multifonctionnalité de la forêt alpine. Remontons dans le temps, fin 2018, cette multifonctionnalité ainsi que les chaînes de valeur du bois ont été identifiées comme une question transversale pour les groupes d’actions de la SUERA (économie, biodiversité, risques, énergie...). 
 
Les très nombreux intérêts et usages qui caractérisent la forêt alpine ont bien été partagés mais c’est surtout leurs dimensions contradictoires et les tensions latentes qui en découlent, voir les conflits, qui ont rejailli comme préoccupation centrale. C’est donc la nécessité de les anticiper et de créer un dialogue qui est actée. 
 
Sous l’impulsion de la Convention Alpine, cette dynamique se matérialise alors par la constitution d’un groupe de travail transversal, la “Task Force Multifunctional Forests and Sustainable Use of Timber" (TFMFSUT) qui réunit les représentants des groupes d’action, dont le groupe d’action 2* et son sous-groupe bois représenté par les Communes forestières Auvergne-Rhône-Alpes. Une des actions qui lui est confiée est donc de monter un projet de coopération pour travailler ces conflits en forêt alpine, ce sera le projet REDIAFOR ( Multifunctional FORrest in the Alps : REinforcing DIALogue ) dont sont aussi  partenaires les Communes forestières Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet vise ainsi à  mesurer ces tensions, croiser les enjeux de part et d’autre des frontières et les réponses (politiques, de terrain) apportées, créer du dialogue (workshops), communiquer et trouver des outils de gestion des conflits...
 
Début 2020, c’est donc dans ce contexte que la feuille de route de la présidence française de la SUERA émerge et derrière son objectif principal, on retrouve des axes transversaux pour la forêt alpine.
 
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Le groupe d’action 2* cherche à développer les secteurs stratégiques dont fait partie le bois. C’est en valorisant la ressource issue du Massif Alpin qu’on reste en phase avec le prisme de la multifonctionnalité. Le sous-groupe bois va d’ailleurs très prochainement mener une analyse comparative des labels bois local de la SUERA comme Bois des Alpes™, Holz Von Hier, etc. Le projet Triplewood avait permis d’identifier quelques démarches de «bois régional ». L’objectif aujourd’hui est de mieux les connaître et de les caractériser suivant leurs critères géographiques et de qualité des bois, leurs modèles économiques, leurs rapports aux marchés publics et règlementations locales. à terme l’enjeu est de gagner en visibilité au niveau européen pour, par exemple, accéder à des fonds orientés vers la promotion des produits de montagne.

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L’évènement « Mountain forest & climate change in the Alpine Region », manifestation officielle de la Présidence Francaise pilotée par les Communes Forestière AURA, a porté cette ambition transversale notamment pour récolter des recommandations à verser aux autorités de gestion des programmes européens (retrouvez ici un compte rendu et le livrable final). Ces recommandations ont aussi été partagées aux députés européens et collectivités francaises concernées par l’aire SUERA pour nourrir les programmes et stratégies à venir et notamment celles préparées par la Commission Européenne sur les forêts, la biodiversité et les sols, en consultation jusqu’à fin avril 2021.
 
La Task Force est alors un outil pertinent pour questionner ces stratégies européennes, les questionner sur leur compatibilité et l’intégration des enjeux multifonctionnels en forêt de montagne. Ce fut le cas lors d’un atelier animé par la TaskForce où Mr Onida de la DG Environnement a pu présenter cette stratégie mais aussi prendre acte des résultats de l’enquête REDIAFOR qui met en évidence la multiplicité des intérêts et des sources de tensions et le besoin d’une approche équilibrée et non concentrée sur la protection de la biodiversité. 
 
Si cette nouvelle stratégie forêt ambitionne bien de garantir le potentiel multifonctionnel des forêts de l’UE, le poids et les priorités des deux principaux piliers (« Promouvoir et stimuler la croissance » et « protéger les forêts et la biodiversité ») semblent en fait contradictoires. élaborée sous la responsabilité de la DG Environnement, cette stratégie forêt sera alignée sur la nouvelle stratégie pour la biodiversité. Les craintes sont que le secteur forestier doive assumer la responsabilité de zones protégées plus strictes en ce qui concerne les connectivités pour la biodiversité. Les textes objectivent 30% de la surface de l’Europe qui devrait être protégée, dont 10% strictement protégée. La première partie est déjà couverte : 25 % de la surface forestière de l’UE appartient déjà au réseau Natura 2000 mais les 10% de zones strictement protégées posent problème - car les forêts anciennes, les forêts vierges ou les forêts primaires ne représentent que 0,7 % de la superficie forestière de l’UE ou 0,14 % de la surface de l’Europe. Donc le risque est que certaines zones strictement protégées devraient être élargies à des zones plus vastes pour des raisons de connectivité écologique. Se dirige t on vers une forêt alpine « mise sous cloche » pour la protection de la nature ?


De même, il semble également que la stratégie Sol 2021 2030 aura un impact sur le secteur forestier en ce qui concerne le niveau élevé de compensation du CO2. Les États membres de l’UE devront s’assurer que les émissions de gaz à effet de serre comptabilisées pour l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres ou la sylviculture doivent être compensées par au moins une élimination comptabilisée équivalente de CO2 dans l’atmosphère.
Il est donc crucial de faire remonter à Bruxelles que les stratégies et programmes à venir doivent permettre de maintenir et renforcer la multifonctionnalité des forêts de montagne et des Alpes :

  • consultation sur la stratégie forestière européenne, ouverte jusqu’au 19 avril
  • consultation sur la stratégie biodiversité et la restauration des écosystèmes ouverte jusqu’au 5 avril
  • consultation sur la stratégie sols qui évoque les sols forestiers, ouverte jusqu’au 27 avril


Pour porter cette vision montagnarde de la forêt au plan européen, l’équipe de la Présidence francaise prépare avec les acteurs francais (tels que les Communes forestières, AURA EE, le Pôle Alpin des Risques Naturels etc, les Groupes d’action de la SUERA et la Task Force), un projet de contribution opérationnelle : « Forêts et multifonctionnalité : les solutions fondées sur la nature comme outils de résilience des territoires alpins ».
 
Cette ambition pour des forêts de montagne dont la gestion est hautement intégrée dans les territoires a été présentée au Sommet Mondial de la Biodiversité en tant que projet et sera ensuite valorisée au prochain Sommet Mondial de la Biodiversité (UICN). Cette Task Force concentre alors de nombreuses attentes et se dégage comme une interface stratégique pour mener la capitalisation des projets européens traitant de la forêt alpine dans sa multifonctionnalité et préparer efficacement les prochains et alimenter et diffuser les documents stratégiques qui permettent un lobbying institutionnel auprès des instances décisionnelles européennes.